Épisode 1 – Une crise historique de l’hôpital public

Un mouvement de grève historique !

Depuis mars 2019, soit 1 an maintenant, les services d’urgence et plus largement l’hôpital public sont en grève sur la base de 3 revendications :

– les effectifs : le manque de personnels pour assurer la mission de service public,

– l’ouverture de lits d’hospitalisation pour assurer une meilleure prise en charge des patients,

– la revalorisation des salaires, enfin, qui restent très insuffisants au regard des conditions de travail et ne permettent plus aux métiers de l’hôpital d’être attractifs et conduit à un turn-over fort.

C’est un mouvement historique, soutenu très fortement par l’opinion publique, qui associe l’ensemble des personnels hospitaliers, de l’aide soignante au médecin et passant par les brancardiers

Comment en est-on arrivé là ?

Ce sont ici les conséquences de 30 ans de politiques néo-libérales qui ont progressivement transféré à l’hôpital public une charge de travail considérable sans lui donner les moyens de l’absorber tout en mettant l’hôpital sous pression de contraintes financières intenables. En quinze ans, ce sont plusieurs dizaines de milliers d’emplois supprimés et plus de 69 000 lits fermés.

Tout ceci est la cause de décisions successives et notamment :

2004 : mise en place de la tarification à l’activité pour le financement de l’hôpital en lieu et place de l’autorisation de dépenses.

2009 : la loi hôpital, patients, santé, territoire (HPST) : elle modifie la gouvernance des établissements au détriment des soignants, le directeur devient le «  patron » avec la responsabilité d’assurer l’équilibre financier de l’établissement en lieu et place des objectifs de soins pour tous.

et les lois de finances successives qui n’accordent pas aux hôpitaux les capacités de faire face aux besoins… Frédéric Pierru, sociologue de la santé, relève qu’« en 1990, la part hospitalière était de 46,6 % dans les dépenses courantes de santé, contre 38,3 % en 2017. On a perdu 8,3 %, quand l’Allemagne ne perd que 3 % ».

Pour quelles réponses politiques ?

« Il n’y a pas d’argent magique » répond le Président de la République à une soignante en colère qui décrit ses conditions de travail !

Les différents plans de la Ministre Buzyn ne répondront pas à la crise de l’hôpital et surtout ne sortiront pas la santé de la logique marchande. Les agents hospitaliers ne s’y trompent pas et maintiennent le mouvement de grève. En janvier 2020, plus de 1000 médecins démissionnaient de leurs tâches administratives, malgré les deux plans successifs proposés par la Ministre Buzyn.

 

C’est dans ce contexte particulièrement dégradé qui conduisait déjà des patients à attendre des heures sur des brancards dans les couloirs des urgences, contexte connu de tous et dénoncé par les personnels et les usagers que l’hôpital doit affronter la crise du covid19.

A cela viennent s’ajouter les positions à géométrie variable de la Ministre de la Santé, rassurante sur les risques de propagation du virus à partir de la Chine, qui, une fois partie du Ministère assure qu’elle a alerté Président et Premier Ministre !

 

Pour la FSU, une demande sociale s’exprime aujourd’hui avec force pour réclamer des services publics de qualité, partout et pour toutes et tous : l’hôpital mais aussi l’école, la route, le train, la sécurité… Ces services disparus ou altérés font prendre conscience vivement de leur utilité et de la nécessité de leur financement par un impôt justement réparti.

Cette crise de l’hôpital et des services publics en général mais aussi les enjeux collectifs environnementaux nécessitent des investissements gigantesques et un traitement cohérent, dont le marché, par nature, est bien incapable. Pour répondre à tous ces défis de manière plus efficace, les services publics, producteurs de richesses, doivent être considérés comme un investissement pour l’avenir, pour une société juste et solidaire pour toutes et tous.

À lire pour aller plus loin, « la casse du siècle » sur la crise de l’hôpital, mise en ligne gratuitement dans sa version numérique par les éditions « Raisons d’agir », en soutien aux personnels soignants.  

 http://www.raisonsdagir-editions.org/wp-content/uploads/Casse_siecle_pages.pdf