Ni les pluies incessantes des jours précédents, ni la grisaille matinale de ce 2 Juin n’ont entamé la détermination des retraités de la FSU inscrits pour leur sortie annuelle : certains étaient accompagnés de membres de leur famille et ce sont 17 personnes qui ont pris la route vers Bort les Orgues, première étape de la journée où nous sommes attendus pour une visite guidée du Musée de la Tannerie et du Cuir.
Bort les Orgues comptait à la fin du 19ème siècle de nombreuses petites industries telles que soieries, chapelleries et plusieurs tanneries : en 1880, Mr Brun crée sa propre tannerie, en annexe de sa fabrique de galoches. Au fil des ans, l’affaire prospère et en 1960, la tannerie emploie alors 600 ouvriers, venant de la localité, mais également des communes voisines du Cantal et du Puy de Dôme.
Dans les années 70, les premières difficultés apparaissent, résultant de la concurrence des autres pays et l’arrivée sur le marché de produits de substitution au cuir. En 1991, les tanneries de Bort ferment définitivement leurs portes.
Une association de bénévoles, dont la plupart étaient d’anciens tanneurs, ont souhaité faire connaître et témoigner de ce passé industriel et en 1996, le musée a ouvert ses portes sur le site même des anciennes tanneries. Pendant 2 heures, notre guide nous fournira toutes les explications sur les différentes étapes qui transforment les peaux brutes (de bovins uniquement) en cuir. A leur arrivée à l’usine, les peaux sont lavées, débarrassées des impuretés, de leur chair et de leur graisse, puis tannées : le tannage consiste à rendre les peaux imputrescibles. Avant 1910, cette opération s’effectuait à l’aide de poudre de chêne (le tan) ; on utilisera ensuite des sels de chrome.
Le « refendage » a pour but de séparer l’épaisseur de la peau en deux parties, l’une du côté chair appelée « croûte », l’autre côté peau, c’est la « fleur de cuir ». Les peaux subissent ensuite plusieurs traitements : teinture, séchage, assouplissement. A l’époque des tanneries de Bort, 6 semaines étaient nécessaires pour produire des cuirs. D‘imposantes machines étaient utilisées pour ces opérations.
A l’issue de cette visite, nous savons tout des différentes appellations du cuir : la pleine fleur, c’est « le must », une peau sans défaut, qui a gardé son épaisseur d’origine, rare et ….chère ! Le nubuck, cuir qui a subi un ponçage et présente un aspect velouté très fin. Le cuir velours (ou imitation daim), s’obtient en ponçant le côté chair de la fleur.
Notre groupe se dirige ensuite vers Riom ès Montagnes où nous déjeunons au restaurant. Après un repas fort apprécié de tous, nous gagnons la gare toute proche, toujours sous la pluie, pour une balade ferroviaire. Le Gentiane Express est à quai et en attendant le départ, nous apprenons qu’une équipe de télévision est présente (ah bon, pour nous ?), mais non, pour un reportage sur ce train touristique. Et nous voici partis pour un voyage commenté pittoresque et …plein d’imprévus. En effet, après quelques minutes de trajet, le train s’immobilise car un arbre est tombé en travers de la voie. Il faut revenir vers Riom à la recherche de tronçonneuses : arrêt aux premières maisons où le conducteur emprunte des tronçonneuses. C’est reparti et les apprentis bûcherons s’affairent au plus vite pour libérer la voie. Encore plusieurs arrêts, afin de récupérer les drones ou les techniciens de la télé, et nous atteignons Lugarde. La pause prévue est écourtée afin de rattraper le retard pris à l’aller et le train repart pour le voyage retour. Des paysages du Cézallier et du panorama sur les monts du Cantal nous ne verrons rien et c’est à peine si l’on distingue les troupeaux de salers à travers la brume et le rideau de pluie : qu’importe, à l’intérieur du wagon, règne une joyeuse ambiance !
Au retour, arrêt pour admirer le viaduc de Barajol : construit dans une courbe à 57m au-dessus de la rivière, c’est le second plus haut viaduc maçonné d’Europe. Ultime arrêt pour rendre les tronçonneuses à son propriétaire et nous arrivons à Riom ès Montagnes.
C’est l’Association des Chemins de Fer de la Haute Auvergne qui exploite ce train touristique sur l’ancienne ligne Bort-Neussargues fermée en 1991. Cette ligne avait été ouverte au début du 19ème siècle pour le transport du vin entre le Languedoc et Paris. En 1994, quelques passionnés désireux de sauvegarder ce patrimoine ferroviaire ont créé cette association. L’exploitation de la ligne, l’entretien de la voie et du matériel sont assurés par des bénévoles de l’association qui compte aujourd’hui 120 personnes dont une quarantaine de membres actifs. 16 000 personnes environ empruntent chaque année ce train pour un voyage d’agrément.
La plaquette publicitaire évoque « un voyage commenté inoubliable » : inoubliable, il le sera en effet pour ceux et celles qui ont partagé cette journée.