Épisode 2 – Un confinement tardif à géométrie variable

 

le jeudi 12 mars, le matin, Jean Michel Blanquer indiquait, « la fermeture des écoles n’est pas la stratégie adoptée »

 

le jeudi 12 mars, le soir, le Président de la République annonce la fermeture de toutes les écoles du pays

 

le samedi 14 mars, le premier ministre annonce la fermeture des bars, restaurants , … pour le soir même minuit et indique « Nous devons impérativement limiter les déplacements, les réunions, les contacts «

le 15 mars : 1er tour des élections municipales a lieu

 

 

le 16 mars, Le Président de la République annonçait le confinement de toute la population pour le lendemain ainsi que le report du 2nd tour des élections municipales

le jeudi 19 mars : le Président appelait les salariés et les entreprises à « travailler ».

le samedi 21 mars : le gouvernement proposait un amendement, retenu après graduation de la sanction, ouvrant la possibilité de condamner à 6 mois de prison ferme les multirécidivistes au non respect du confinement.

 

 

Il est par ailleurs intéressant de mettre en relation les recommandations de l’OMS et la communication / les choix du gouvernement

 

On peut notamment lire :

2016 : Jérôme Salomon conseille, avec d’autres, Emmanuel Macron durant sa campagne. Dans des emails révélés par wikileaks, il alerte le candidat sur l’état de l’hôpital, et sur le fait que notre système de santé n’était pas prêt à affronter une épidémie d’ampleur.

31 Décembre 2019 : L’OMS avertit : Le bureau de l’OMS en Chine reçoit la notification d’un cluster de cas de pneumonie de cause inconnue dans la ville de Wuhan.

30 janvier 2020 : L’OMS sonne le glas : L’organisation mondiale de la santé déclare la flambée due au nouveau coronavirus «une urgence de santé publique de portée internationale », son plus haut niveau d’alerte. Sans recommander à ce stade de limiter les échanges commerciaux et les déplacements, l’OMS appelle les pays à «revoir les plans de préparation, repérer les lacunes ».

31 janvier 2020 : Un départ critique ? : Marie Fontanel, la conseillère santé du Président de la République, quitte ses fonctions pour retourner à l’IGAS. Elle ne sera finalement remplacée que le 3 mars.

7 février 2020 : L’OMS avertit : Déjà la pénurie : « Les stocks mondiaux de masques et d’appareils de protection respiratoire sont désormais insuffisants pour répondre aux besoins de l’OMS et de nos partenaires », déclare le directeur général de l’organisation.

19 février 2020 : Le dépistage, c’est la clé : L’OMS révèle que 20 % des malades sont atteints d’une forme sévère ou critique de la maladie. « Chez environ 2 % des cas signalés, le virus est mortel, et le risque de décès augmente avec l’âge du malade et avec la présence de problèmes de santé sous-jacents ». Le 20 février l’OMS ajoute «ce que nous constatons, c’est que plus les patients sont dépistés et traités tôt, mieux ils s’en sortent ».

26 février 2020 : « La pénurie n’est pas un sujet » Jérôme Salomon directeur général de la Santé auditionné à l’Assemblée précise que les stocks de l’État existaient, et que ces derniers seraient mobilisés en temps utile. « Il y a des stocks stratégiques importants détenus par Santé publique France sur les masques chirurgicaux. On n’a pas d’inquiétude […] Il n’y pas de sujet de pénurie »

 

 

A la lecture des contradictions entre les recommandations de l’OMS et l’exhortation faite à tous les salariés d’aller travailler, on peut légitimement se poser la question de la primauté faite aux intérêts économiques sur les intérêts sanitaires ?

Le maintien du match de League des Champions Lyon-Turin, le 26 février 2020, réunissant dans un stade bondé, 60 000 spectateurs dont 3000 italiens venant notamment du Piémont et de Lombardie dont nombre de villes étaient déjà en quarantaine pour cause de propagation rapide et inquiétante du Coronavirus éveille des soupçons.

En un peu plus d’une semaine, le gouvernement est passé d’une exhortation à aller voter, sans risques sanitaires, validé par les experts et à une criminalisation d’une sortie du domicile sans justificatif… Alors même que l’OMS alertait sur le déficit d’équipement de protection individuel…

Quelles situations dans les écoles ?

C’est dans ce contexte que le maintien d’écoles ouvertes a été assuré pour permettre l’accueil des enfants de soignants. La circulaire du Ministère de l’Education Nationale fixe plusieurs conditions :

  • l’accueil est assuré par des personnels volontaires,
  • « Dans tous les cas, les gestes barrières qui sont les plus efficaces contre le Covid-19 doivent être respectés, avec espacement suffisant entre les enfants ainsi qu’entre les enfants et les adultes (enseignants ou personnels) ».
  • « Un nettoyage minutieux des surfaces et des sanitaires doit être effectué 2 fois par jour »
  • « Les parents concernés par ce dispositif doivent également attester sur l’honneur qu’ils ne disposent d’aucune solution de garde » (l’administration, dans sa communication, n’y a jamais fait référence)

Le jeudi 26 mars, 270 élèves sont accueillis dans 112 écoles ou établissements (19 maternelles, 86 élémentaires, 7 collèges) par 233 personnels volontaires (154 enseignants, 79 autres personnels Education Nationale) sans compter les personnels territoriaux nécessaires au maintien des locaux en bon état de propreté. C’est donc une moyenne de 2,4 élèves accueillis par établissement maintenu ouvert pour un nombre de personnels certainement bien supérieur à ces effectifs élèves.

En Creuse, ce sont 60 élèves accueillis dans 28 écoles et établissements.

Alors que les élèves creusois pèsent seulement 14% du nombre total d’élèves de l’Académie, le nombre d’enfants gardés dans les différents pôles creusois représente près de 25% des enfants accueillis de l’Académie. Les choix de mise en place du dispositif et leurs conditions de bénéfice différents dans les trois départements ont manifestement des conséquences sur le nombre d’enfants à garder et de fait sur l’exposition des personnels volontaires à de potentiels risques.

La FSU a demandé :

  • la stricte application des aspects de la circulaire mentionnés plus haut : volontariat, moyens de mettre en œuvre les gestes barrières, nettoyage minutieux deux fois par jour, mise en œuvre de l’attestation sur l’honneur… )
  • la limitation du nombre de sites d’accueil pour limiter l’exposition des personnels (l’IA restreindra finalement à 14 sites d’écoles d’accueil)
  • la fourniture aux personnels d’équipements individuels de protection
  • l’engagement de l’administration de la reconnaissance en maladie professionnelle ou accident de service de la contamination des agents exposés : cette demande a été portée par la FSU en CHSCT Ministériel, Académique et départemental sans obtenir de réponse… L’absence de réponse laisse penser qu’en l’absence de reconnaissance, ce sera le droit ordinaire (90 jours à plein traitement, mi-traitement pour la suite…)