Le 12 mars 2020, le président de la République prononçait ces phrases lourdes de sens et d’espoir : « Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre État-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie au fond à d’autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle, construire plus encore que nous ne le faisons déjà une France, une Europe souveraine, une France et une Europe qui tiennent fermement leur destin en main. Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai.« 

Actuellement, le parlement examine un projet de loi du gouvernement visant à créer un état d’urgence sanitaire à contre-courant de cette déclaration :

  • Nombreux sont les agents engagés au quotidien contre cette épidémie au péril de leur propre santé : professionnels de santé mais aussi enseignants, personnels territoriaux volontaires pour accueillir les enfants des personnels ou autres agents qui continuent à être au contact du public. Pourtant, le projet de loi ne prévoit aucune disposition permettant d’abroger le jour de carence. Ainsi, si ces personnels sont obligés de s’arrêter parce qu’ils ont contractés le virus, le jour de carence continuera de leur être appliqué. Il s’agit d’une drôle de façon de concevoir la solidarité et le sens des responsabilités répété à l’envi par Emmanuel Macron dans son allocution télévisée du 16 mars 2020.
  • Pour récompenser tous ces agents qui « se battent pour sauver des vies, avec dévouement, avec force » (extrait du discours d’Emmanuel macron du 16 mars 2020), le gouvernement n’hésite pas à inscrire également dans ce projet de loi un net recul des droits des agents en terme de congés (voir communiqué joint).
  • Dans le même temps, aucun moyen (lits supplémentaires à l’hôpital, équipements de protection des agents au travail,…) permettant de renforcer l’Etat-providence cher à notre président ne sont prévus dans le projet de loi. Le 16 mars, il déclarait pourtant : « la nation soutiendra ses enfants qui, personnels soignants, en ville, à l’hôpital, se trouvent en première ligne dans un combat qui va leur demander énergie, détermination, solidarité. Ils ont des droits sur nous. Nous leurs devons évidemment les moyens, la protection, nous serons là ».

L’exécutif, fidèle à sa politique de casse des Services Publics engagée depuis le début du quinquennat poursuit encore et toujours, quoi qu’il en dise, les mêmes objectifs.

Alors que les Français sont solidaires des Services Publics et des agents qui le rendent , est-il normal que l’exécutif continue son travail de sape ? La question mérite d’être posée dans une période où l’on pourrait croire (ou on voudrait nous faire croire) que le pays entier œuvre au salut de la patrie.

Pour reprendre une dernière fois les paroles du président : « le jour d’après, quand nous aurons gagné, ce ne sera pas un retour au jour d’avant, nous serons plus forts moralement, nous aurons appris et (la FSU saura, avec ses partenaires syndicaux), en tirer toutes les conséquences. Toutes les conséquences… »